Chronique d'un homme avisé: Droit et tolérance à la différence

Tu es de l'autre sexe que le mien.Tu es grand, je suis petit. Tu es blond, je suis brun. Tu es beau, je suis laid. Et alors...?

Tu es nanti, je suis pauvre. Tu es bourgeois, je suis prolétaire. Tu manges plus qu'à ta faim, péniblement j'en arrive à une portion par jour. Tu possèdes de clinquantes voitures, les miennes sont mes pieds. Et alors...?

Tu es brillant et bardé de diplômes, je sais à peine lire, écrire et compter. Tu es populaire et adoubé dans toutes les arènes, clopin-clopant mon ombre est effleurée par quelques sporadiques et curieux regards dans la rue. Et alors...?

Tu corresponds à tous égards aux canons des diktats socio-moraux, moi pas tout à fait. Tu rentres parfaitement et allègrement dans les moules, moi non. Tu es politiquement correct, j'en éprouve la pire allergie qui soit. Et alors...?

En quoi est-ce que le fait que je ne suis pas ou n'ai pas comme toi t'empêche de vivre et d'être heureux? Et en quoi cela fait de moi un sous-homme par rapport à toi? Te croirais-tu si illuminé au point d'être missionné à vouloir garantir bec et ongles un quelconque "ordre naturel des choses"? Ne sais-tu pas que différent de toi, je t'en apporte plus que si j'étais identique à toi et à ton entendement? Mieux encore, ne t'es-tu jamais rendu à l'évidence, qu'au-delà de ma contingeante différence par rapport à toi, je suis essentiellement et nécessairement toi par excellence ? 

Détends-toi, mon semblable. Oui, détends-toi et respire. Profite de la vie (la tienne) au lieu de vouloir en permanence noyer tes sens dans la mienne. Cela ne te rendra que dépressif et malheureux. Je te le dis sincèrement et par amour, puisque contrairment à ce que tu penserais ou que tu croirais, j'ai la fierté de persister à penser, que ce qui nous lie spécifiquement, toi et moi, est indubitablement plus important, plus grand et plus beau qu'aléatoirement ce qui nous différencie. 

N'ayons donc jamais peur de volotairement et courageusement faire violence à nos prétendus acquis de quelque nature que ce soit; Efforçons-nous de libérer notre esprit de ses chaînes subies ou consenties, afin de lui permettre d'explorer et de sentir les parfums d'autres cieux.

Merci pour ton attention et rendez-vous au carrefour de la tolérance et du "vivre ensemble". Ciao!

Pierino